top of page
Photo du rédacteurEmmanuel Rials

De l'Allegro au Prestissimo : voyage dans la musique classique qui accélère et enflamme les sens

illustration de musique classique qui accélère

L'accélération en musique classique n'est pas qu'une simple question de tempo. C'est un art subtil qui, depuis des siècles, fascine compositeurs, interprètes et mélomanes. Plongeons dans cet univers vertigineux où la virtuosité côtoie la folie.


L'art de la musique classique qui accélère : une histoire de défis


L'accélération progressive du tempo est une technique qui remonte au baroque. Les compositeurs italiens, en particulier, étaient passionnés par l'idée de créer une tension croissante à travers l'augmentation graduelle de la vitesse d'exécution.


Les pionniers de la musique classique qui accélère


Antonio Vivaldi fut l'un des premiers à explorer systématiquement ce procédé. Dans son concerto "L'Estate" (L'Été) des Quatre Saisons, il simule l'arrivée d'un orage par une accélération progressive qui devient presque frénétique. Une anecdote raconte qu'à la première représentation à Venise, certains auditeurs se seraient levés pour vérifier si un véritable orage approchait !

Une anecdote particulièrement amusante concerne Mozart et son "Presto" de la Sonate pour piano K. 310. Lors d'une soirée musicale à Vienne en 1781, un pianiste prétentieux affirmait pouvoir jouer n'importe quelle partition à vue. Mozart, espiègle, lui présenta cette sonate en précisant qu'elle devait être jouée "le plus vite possible". Le pianiste commença avec assurance, mais dut rapidement abandonner sous les rires de l'assemblée. Mozart aurait alors déclaré : "Le prestissimo, c'est comme le bon vin - il faut du temps pour l'apprécier !"


Le cas fascinant du Boléro


Ravel nous offre avec son Boléro l'exemple parfait d'une œuvre construite sur une tension croissante. Bien que le tempo reste théoriquement constant, l'accumulation progressive des instruments crée une sensation d'accélération psychologique. On raconte que lors de la première en 1928, une dame s'est écriée "Au fou !" - ce à quoi Ravel aurait répondu plus tard : "Celle-là, elle a compris."


Les défis techniques de l'accélération


Le casse-tête des interprètes


L'exécution d'une accélération progressive pose des défis considérables aux musiciens. Prenons le cas du "Perpetuum Mobile" de Paganini, où le virtuose italien pousse les limites du violon jusqu'à l'extrême. Une anecdote savoureuse rapporte qu'un critique de l'époque affirma que Paganini avait dû faire un pacte avec le diable pour jouer aussi vite.


Les records de vitesse


Le pianiste György Cziffra était connu pour ses interprétations vertigineuses. Sa version de la "Grande Valse Chromatique" de Liszt était si rapide que les techniciens chargés de l'enregistrer en 1955 crurent d'abord à un problème technique avec leur matériel !


L'histoire de Vladimir Horowitz et de son interprétation de la "Campanella" de Liszt est devenue légendaire. Lors d'un concert à Carnegie Hall en 1968, le pianiste démarra le morceau à un tempo déjà vertigineux, avant d'accélérer progressivement jusqu'à une vitesse que ses contemporains jugèrent "physiquement impossible". À la fin du concert, son accordeur découvrit que trois cordes s'étaient cassées sous l'intensité du jeu. Horowitz aurait simplement commenté : "C'est normal, elles n'ont pas tenu le rythme !"


L'impact psychologique et physiologique


Les études scientifiques modernes ont démontré que la musique classique qui accélère a des effets mesurables sur notre organisme :

- Augmentation du rythme cardiaque

- Élévation de la tension artérielle

- Production accrue d'adrénaline

Une expérience fascinante fut menée au Conservatoire de Paris en 1985. Deux groupes d'étudiants devaient jouer le même passage du "Mouvement Perpétuel" de Weber, l'un à tempo constant, l'autre avec une accélération progressive. Les mesures de leur rythme cardiaque révélèrent que non seulement les interprètes du second groupe atteignaient des pulsations plus élevées, mais aussi que leurs auditeurs synchronisaient inconsciemment leur respiration avec l'accélération de la musique. L'un des étudiants, pris dans l'intensité du moment, brisa même son archet - un Tourte du XVIIIe siècle valant une petite fortune !


Les compositions extrêmes


Le "Vol du Bourdon" de Rimski-Korsakov est devenu un terrain de jeu pour les virtuoses cherchant à repousser les limites. Le record actuel est détenu par le violoniste Ben Lee, qui l'a joué en 54,24 secondes. Une performance qui aurait probablement fait tourner la tête au compositeur lui-même !


Les innovations modernes


La révolution des métronomes


L'invention du métronome par Mälzel en 1815 a révolutionné l'approche de l'accélération. Beethoven, initialement sceptique, finit par l'adopter avec enthousiasme. Une anecdote peu connue révèle qu'il était tellement fasciné par l'appareil qu'il composa une pièce humoristique basée sur son tic-tac mécanique.


Le compositeur John Cage, toujours provocateur, créa en 1955 une pièce intitulée "Acceleration" pour orchestre, où chaque musicien devait accélérer indépendamment des autres selon son propre ressenti. Lors de la première, le chaos fut tel que trois spectateurs quittèrent la salle en se bouchant les oreilles, tandis qu'un critique musical s'endormit profondément. Cage commenta plus tard : "Enfin quelqu'un qui a compris que mon accélération menait au repos absolu !"


Les nouvelles frontières numériques


Aujourd'hui, les compositeurs contemporains utilisent des logiciels sophistiqués pour calculer des accélérations mathématiquement précises. György Ligeti, dans ses études pour piano, a créé des illusions d'accélération continue qui défient la perception humaine.


Les chefs-d'œuvre de l'accélération


Voici une sélection d'œuvres emblématiques où l'accélération joue un rôle crucial :


1. "La Danse de la Fureur" (Messiaen, Quatuor pour la fin du temps)

2. Le finale de la 6e Symphonie de Tchaïkovski

3. "Accelerando" de Jean-Féry Rebel

4. La "Danse Macabre" de Saint-Saëns

L'histoire du chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler et de sa façon unique de gérer les accélérations mérite d'être racontée. Lors d'une répétition de la 9e symphonie de Beethoven avec les Wiener Philharmoniker en 1951, il demanda à l'orchestre d'accélérer "comme une voiture de course qui monte une côte". Les musiciens, perplexes, tentèrent plusieurs approches jusqu'à ce que Furtwängler, exaspéré, sorte de sa poche un petit modèle réduit de voiture et le fasse rouler sur son pupitre en imitant le bruit du moteur. L'orchestre éclata de rire, mais comprit exactement ce qu'il voulait - cette interprétation est aujourd'hui considérée comme l'une des plus dynamiques jamais enregistrées.


Les interprétations légendaires de la musique classique qui accélère


Glenn Gould était connu pour ses tempi extrêmes. Son interprétation des Variations Goldberg de 1955 comporte des accélérations si subtiles qu'elles ont fait l'objet d'études universitaires. Une histoire raconte qu'il refusa de jouer avec plusieurs chefs d'orchestre qui ne pouvaient suivre ses accelerandi.


L'éternelle quête de vitesse

Une dernière anecdote illustre parfaitement notre fascination continue pour la musique classique qui accélère. En 2019, lors d'un concert à la Philharmonie de Berlin, le jeune prodige Alma Deutscher improvisa une fugue dont le tempo s'accélérait progressivement, basée sur la sonnerie d'un téléphone portable qui avait accidentellement retenti dans la salle. Au lieu de s'en offusquer, elle transforma cet incident en un moment de virtuosité pure, prouvant que l'art de l'accélération continue d'évoluer et de nous surprendre.


La musique classique qui accélère reste un territoire d'exploration fascinant. Des compositeurs baroques aux créateurs contemporains, cette technique continue d'évoluer et de captiver. Comme le disait Leonard Bernstein : "La musique peut nommer l'innommable et communiquer l'inconnaissable."


Cette technique compositionnelle particulière nous rappelle que la musique classique n'est pas un art figé, mais une forme d'expression en constante évolution, capable de nous surprendre et de nous émouvoir même après des siècles d'existence.

0 commentaire

Comentários


bottom of page