
À l'aube d'une semaine décisive, le monde de la musique classique vibre d'émotions fortes. De la consécration historique d'un pianiste américain en Pologne aux promesses scéniques de la rentrée parisienne, octobre 2025 révèle une vitalité artistique remarquable qui témoigne d'une scène classique en pleine effervescence.
Je l'avoue : à 2 heures du matin dans la nuit du 21 octobre, j'étais scotché devant mon écran, guettant le verdict du jury de Varsovie comme s'il s'agissait d'une finale de Coupe du monde. Et pour cause ! L'Américain Eric Lu, 27 ans, vient de s'imposer au Concours international de piano Frédéric-Chopin, devenant le premier lauréat américain depuis 55 ans à décrocher ce Graal du clavier. Ce concours quinquennal représente bien plus qu'une simple compétition : c'est le sésame absolu pour accéder aux plus grandes scènes mondiales. Avec ses 60 000 euros de dotation et surtout l'immense prestige qui l'accompagne, Eric Lu rejoint le panthéon des légendes : Maurizio Pollini, Martha Argerich, Krystian Zimerman... Le jeune virtuose du Massachusetts, qui s'était classé quatrième en 2015, a su mûrir son interprétation pendant une décennie, travaillant avec acharnement jusqu'à ce moment de grâce. Cette 19ème édition a vu un nombre record de 642 candidats se présenter, preuve que Chopin continue de fasciner les nouvelles générations de pianistes du monde entier.
L'autre nouvelle qui anime la scène française nous vient du cœur de Paris. L'Opéra de Paris offre une programmation automnale exaltante avec, au Palais Garnier, Giselle qui enchante les spectateurs jusqu'au 31 octobre. Ce ballet romantique par excellence, avec ses tutus vaporeux et son atmosphère fantomatique, constitue la pièce maîtresse de l'ouverture de saison voulue par José Martinez, le directeur de la danse. Un choix audacieux : il y avait bien longtemps que la compagnie n'avait pas lancé sa saison avec un grand classique de ce calibre. À l'Opéra Bastille, c'est Aida de Verdi qui déploie ses fastes jusqu'au 4 novembre, dans une mise en scène signée par l'artiste iranienne Shirin Neshat. Cette production promet une vision contemporaine de l'œuvre emblématique du répertoire lyrique.
La vie musicale parisienne ne se limite pas à l'Opéra. Le Théâtre des Champs-Élysées célèbre son nouveau souffle sous la houlette de Baptiste Charroing, qui succède à Michel Franck après 15 ans de direction. Pour marquer cette transition, la maison historique de l'avenue Montaigne rend hommage à Joséphine Baker, cent ans après ses premiers pas sur cette scène parisienne en octobre 1925. Un gala réunira notamment la soprano Pretty Yende et la jeune prodige guadeloupéenne Luan Pommier, tissant un pont entre différentes générations d'artistes. Cette programmation reflète la volonté du nouveau directeur de rendre le lieu plus accessible tout en préservant son héritage.
À Toulouse, le Théâtre du Capitole propose jusqu'au 26 octobre un hommage vibrаnt à Maurice Ravel avec deux créations chorégraphiques : Walking mad de Johan Inger et Daphnis et Chloé, témoignant de l'actualité brûlante du compositeur français dont on célèbre les 150 ans de la naissance. Ces ballets illustrent la modernité persistante de l'univers ravelien et sa capacité à inspirer les chorégraphes contemporains.
Du côté de Strasbourg, l'Opéra national du Rhin dévoile une nouvelle production d'Otello de Verdi sous la direction musicale de la cheffe italienne Speranza Scappucci. Le metteur en scène Ted Huffman transpose l'action dans l'Italie méditerranéenne du milieu du XXe siècle, jouant sur les contrastes entre brutalité masculine et glamour bourgeois. Cette approche esthétique promet de révéler de nouvelles facettes du chef-d'œuvre verdien.
À Nice, l'Opéra Côte d'Azur présente les 3, 5 et 7 octobre Satyagraha de Philip Glass, cet opéra minimaliste fascinant consacré aux années sud-africaines de Gandhi. Bertrand Rossi, directeur de l'institution, poursuit ainsi son exploration du répertoire contemporain et son engagement envers les œuvres exigeantes.
Paris voit également le retour tant attendu des Demoiselles de Rochefort au Théâtre du Lido. Jean-Luc Choplin, après ses succès avec Les Parapluies de Cherbourg et Peau d'Âne, confie la mise en scène à Gilles Rico et la direction musicale à Patrice Peyrieras. La jeune distribution, menée par Juliette Tacchino (lauréate de la Sumi Jo International Singing Competition 2024) et Maïlys Arbaoui-Westphal, promet de redonner tout son éclat à cette comédie musicale emblématique de Michel Legrand. Le spectacle se jouera jusqu'en janvier 2026, offrant une longue période pour savourer cette œuvre culte.
Enfin, la Salle Cortot accueillera le 19 novembre un concert-lecture exceptionnel intitulé Les Lettres d'Amour, avec Sylvie Carbonel au piano, Daniel Mesguich en récitant et Isabelle Flory au violon. Ce format intimiste et poétique promet une soirée où la musique dialogue avec les mots, dans l'
