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Photo du rédacteurEmmanuel Rials

La grande querelle de la musique classique : pour ou contre ?

illustration de Querelle Musique classique, pour ou contre

À travers les siècles, la musique classique a suscité des réactions passionnées, des débats enflammés et même des rixes ! Entre ses défenseurs acharnés et ses détracteurs virulents, explorons les multiples facettes de cette controverse qui perdure encore aujourd'hui.


Musique classique, pour ou contre : les origines historiques du débat


La querelle des Bouffons : le premier grand schisme


En 1752, l'arrivée à Paris d'une troupe italienne présentant "La Serva Padrona" de Pergolesi déclenche une véritable guerre culturelle. Cette "Querelle des Bouffons" divise la cour de Louis XV en deux camps : les partisans de la musique française, soutenus par la reine, et les défenseurs de l'opéra italien, menés par Madame de Pompadour.


Une anecdote savoureuse raconte que lors d'une représentation particulièrement houleuse, un partisan de la musique française lança sa perruque sur un défenseur de l'opéra italien, déclenchant une bataille générale dans la salle ! Jean-Jacques Rousseau, fervent défenseur du camp italien, écrivit même sa "Lettre sur la musique française" où il déclara que "les Français n'ont pas de musique et n'en peuvent avoir."


Le cas Wagner : quand la musique devient politique


L'histoire de Wagner illustre parfaitement les divisions profondes que peut créer la musique classique. Lors de la première de "Tannhäuser" à Paris en 1861, le scandale fut mémorable. Les membres du Jockey Club, habitués à leurs ballets au second acte (car c'était le moment où ils arrivaient après avoir dîné !), se révoltèrent contre l'absence de ballet à cet endroit précis.


Une anecdote moins connue révèle que certains opposants avaient même acheté des sifflets en masse et les avaient distribués à l'entrée de l'Opéra. Plus amusant encore, ils avaient dressé des chiens à aboyer en entendant certaines mélodies de Wagner !


Les arguments des défenseurs : une approche multidimensionnelle


La complexité comme vertu : au-delà des apparences


La richesse structurelle de la musique classique fascine même les mathématiciens. L'Art de la Fugue de Bach, par exemple, contient des structures mathématiques si complexes qu'elles ont fait l'objet d'études en théorie des graphes.


Une anecdote révélatrice : lors d'une conférence à Princeton en 1950, le mathématicien Douglas Hofstadter démontra que la structure de certaines fugues de Bach suivait exactement les mêmes patterns que des théorèmes mathématiques complexes !


L'impact neurologique : la science au service de l'art


Le neurologue Oliver Sacks rapporte dans son livre "Musicophilia" le cas fascinant d'un patient atteint d'amnésie sévère qui, bien qu'incapable de se souvenir d'événements survenus quelques minutes auparavant, pouvait diriger parfaitement un chœur et se rappeler des partitions entières de Chopin.


Une étude récente à l'Université de Harvard (2023) a même démontré que les musiciens classiques professionnels développent des connexions neuronales uniques, similaires à celles observées chez les champions d'échecs.


Musique classique pour ou contre : les vertus thérapeutiques méconnues


Le compositeur Maurice Ravel, après avoir subi un traumatisme crânien, ne pouvait plus parler correctement mais pouvait encore jouer du piano. Cette découverte a conduit à développer la musicothérapie moderne.


Les arguments des détracteurs : une critique constructive ?


L'élitisme persistant : mythes et réalités


L'image élitiste de la musique classique est souvent renforcée par des anecdotes historiques. Lorsque Beethoven jouait pour le prince Lichnowsky, il refusait catégoriquement de s'incliner, déclarant : "Il y a eu et il y aura des milliers de princes, mais il n'y a qu'un seul Beethoven."


Pourtant, paradoxalement, Beethoven était aussi connu pour fréquenter les tavernes populaires où il notait les chansons des paysans pour les intégrer à ses compositions.


Le coût comme barrière : une réalité à nuancer


Si les places d'opéra peuvent aujourd'hui atteindre des sommes astronomiques, peu savent qu'au XVIIIe siècle, Mozart organisait ses "Akademien" (concerts par souscription) à des prix abordables pour la classe moyenne viennoise. Il notait même dans ses lettres sa volonté de toucher un public plus large.


La rigidité du protocole : entre tradition et intimidation


Une anecdote révélatrice : en 1962, Glenn Gould fut critiqué pour avoir joué du Bach en fredonnant. Sa réponse ? Il enregistra les Variations Goldberg en fredonnant encore plus fort !


Les nouvelles approches : vers une réconciliation ?


L'innovation technologique au service de la tradition


Des initiatives révolutionnaires émergent. Le chef d'orchestre Teodor Currentzis enregistre des symphonies de Mahler en plaçant des microphones dans l'orchestre, permettant aux auditeurs de "voyager" virtuellement parmi les musiciens.


La démocratisation numérique : une révolution en marche


Leonard Bernstein fut un véritable pionnier de la vulgarisation. Ses "Young People's Concerts" avec l'Orchestre Philharmonique de New York touchèrent des millions de téléspectateurs. Une anecdote amusante raconte qu'il expliqua un jour la forme sonate en utilisant comme exemple... la recette d'un sandwich !


La musique classique à l'ère des réseaux sociaux


Tik Tok et Beethoven : une alliance improbable


Le phénomène TwoSet Violin sur YouTube, avec ses millions d'abonnés, prouve que la musique classique peut être à la fois rigoureuse et divertissante. Leur vidéo "Si Beethoven avait TikTok" est devenue virale, montrant que le débat "musique classique : pour ou contre" prend de nouvelles formes à l'ère numérique.


Les concerts virtuels : une nouvelle démocratisation


La pandémie a accéléré l'innovation : le Berliner Philharmoniker a développé sa "Digital Concert Hall", permettant d'accéder à des concerts en haute définition pour le prix d'un café.


Au-delà du pour ou contre


Le débat "musique classique : pour ou contre" reflète peut-être moins une opposition réelle qu'une évolution nécessaire de notre rapport à la musique. Comme le disait Leonard Bernstein : "Il n'y a pas de musique classique ou populaire. Il n'y a que de la bonne et de la mauvaise musique."


Cette controverse séculaire continue d'alimenter des discussions passionnantes et contribue à l'évolution de la pratique musicale. Le véritable enjeu n'est peut-être pas de choisir un camp, mais de comprendre comment la musique classique peut continuer à se réinventer tout en préservant son essence.

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